I moved to San Francisco right after the September 11 attacks. Americans were still pretty much dumbfounded, but soon some resorted to self-righteousness. The “you’re either with us or against us” mentality emerged. Basically anyone expressing reserves on or dissenting from government policies was suspected of condoning terrorism. Somehow the distinction between a terrorist and an opponent got blurred. There was one way to think, other viewpoints could only be held by extremists. Debates raged over the US Patriot Act and its infringements on civil liberties. Progressive activists surmised that Washington was conveniently using 9/11 to stifle them.
Since then, it seems that the anti-terrorist fever has spread to other parts of the world. Two eerie episodes, taking place in New Zealand and France, are to me echoes of such paranoia, where mere protesters, not actual assassins, are criminalized.
On October 15, 2007, 17 people were arrested in “anti-terror” raids across New Zealand. This muscled operation, involving some 300 armed policemen, alarmed the nation. Those individuals were accused of possessing firearms, and running a paramilitary training camp, located in the remote Te Urewera forests.
However, some members of the public and commentators soon questioned the existence of an actual terrorist plot and doubted the people taken into custody represented a serious threat to national security.
The people targeted were mostly Ngāi Tūhoe radicals, a Māori tribe unflinching in its protest against land confiscation and in its longstanding sovereignty claims, added to the mix were a few white anarchists also known as peace activists, as well as environmentalists and animal rights organizers. Some noted that it is a Māori custom to train young men in the forest to the art of hunting and handling the taiaha. Could this have been mistaken for a guerilla-type training?
Police credibility was dealt another blow when on November 8, 2007 the Solicitor-General concluded there wasn’t enough evidence to authorize prosecution under the 2002 Terrorism Suppression Act underlying the 18-months-long investigation.
Despite having been freed on bail the following day, the defendants are still awaiting trial which is meant to open at the end of this month.
A recently released documentary retraces this saga and gives voice to the Urewera 18 (further arrests were made in February 2008, adding to the number of suspects). Operation 8—Deep in the Forest revisits the October 15 events, the locking down of an entire Māori village, the brutalizing of families and children… And leaves us wondering if such a show of force was warranted.
A similar crackdown occurred in France on November 11, 2008: 9 young leftists, living in a commune, were arrested in the village of Tarnac, charged with sabotaging some railway power cables a few days earlier resulting in massive delays on the lines, but no derailment.
The confusion between vandalism, anti-capitalism and terrorism seemed to aim at resurrecting the 1970s scare of left wing terrorist groups and suggested that a new “ultra-leftist-anarchist” movement was eager to spread violence. Again, many procedure irregularities have been highlighted in the press. As far as I know, the lawsuit is still pending.
Disturbingly the “us versus them” mentality is not a US prerogative anymore.
Je n’ai pas vécu en France depuis plusieurs années mais je continue à en suivre de près l’actualité. Et l’affaire Tarnac de 2008—la descente de police (150 hommes ninja !) dans une petite bourgade de Corrèze pour interpeler neuf jeunes gens vivant en communauté sur une ferme, accusés de fomenter des actions terroristes d’inspiration « ultra-gauche-anarcho-autonome » et d’avoir saboté une ligne TGV—m’avait frappée de stupeur.
Comment dire… On se serait cru au Far West, dans l’univers manichéen des cowboys et des Indiens. Cette intervention musclée, ça faisait déplacé pour l’Hexagone, exotique donc, mais désagréablement familier pour moi qui ai vécu de l’intérieur l’Amérique de Bush et Cheney. Cette façon d’agiter l’épouvantail terroriste pour rallier la masse sous son joug, de confondre terrorisme avec la contestation ou le vandalisme, cette intransigeance bien-pensante qui voue aux gémonies toute mouvance progressiste ou alternative : Michèle Alliot-Marie, la ministre de l’Intérieur, semblait pomper sa posture à l’oncle Sam.
Au fil des mois après le grand coup de filet, les médias ont mis au jour le manque de preuves et des incohérences dans l’enquête… Nous ne connaissons pas encore le fin mot de l’histoire mais la crédibilité de la filière antiterroriste en a pris un coup.
Quel ne fut pas mon étonnement quand, en débarquant en Nouvelle-Zélande, j’ai appris qu’il s’y était déroulée une affaire similaire, un an plus tôt !
Le 15 octobre 2007, pas moins de 300 policiers furent déployés pour arrêter 17 personnes aux quatre coins de la Nouvelle-Zélande. La plupart, néanmoins, habitaient une commune rurale du nord-est de l’île du Nord, à Ruatoki, en pays Ngāi Tūhoe. Il faut savoir que cette tribu māori, c’est un peu « les irréductibles Gaulois qui résistent encore et toujours à l’envahisseur ». Disons qu’ils revendiquent fièrement n’avoir jamais ratifié le Traité de Waitangi de 1840 et donc de n’avoir jamais cédé leur souveraineté à la Couronne d’Angleterre. D’où des relations plutôt tendues avec l’Etat moderne néo-zélandais, surtout depuis que les terres arables de la tribu leur ont été confisquées… Ceci dit, la résistance armée s’est tue au XIXe siècle. Les revendications se font aujourd’hui dans le cadre démocratique.
Donc, dans le panier du 15 octobre, on trouve des « séparatistes » māori, mais aussi des anarchistes connus pour leurs convictions pacifistes, des écolos et des militants des droits des animaux. Le tout accusé de détention d’armes et de diriger un camp d’entraînement paramilitaire quelque part dans la forêt d’Urewera, pas loin de Ruatoki.
Seulement, 3 semaines après l’opération, le procureur général (Solicitor-General) annonce que la loi anti-terroriste de 2002 ne peut être invoquée à l’encontre des prévenus faute de preuves suffisantes. Première déconvenue pour la police. Et d’autres s’ensuivent malgré de nouvelles arrestations en février 2008 qui fait passer le nombre de mis en examen à 18. On les nomme les « Urewera 18 ». Tous sont relâchés et placés sous contrôle judiciaire. Leur procès devrait s‘ouvrir à la fin du mois de mai, à Auckland.
En attendant, un documentaire consacré à l’affaire vient de sortir en salles. Operation 8—Deep in the Forest donne la parole aux inculpés et revient notamment sur le déroulement du 15 octobre 2007, la débauche de moyens mis en œuvre par la police pour faire son show, et la brutalité avec laquelle les villageois, tous māori, furent traités. Des enfants furent traumatisés, séparés de leurs parents et enfermés pendant des heures dans une remise sans eau ni nourriture. Bref, de quoi remuer le spectre de maltraitance raciste, sujet sensible et latent dans cette ancienne colonie qui s’applique à réparer les erreurs du passé…
Là encore, beaucoup jugent l’affaire comme une grosse bévue de l’Etat, qui confondrait stage d’entraînement à la chasse et aux armes traditionnelles māori avec un camp de guerilleros.
C’est troublant quand même cette fâcheuse manie à s’échafauder des ennemis intérieurs…
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