Monday, February 28, 2011

Maori warriors’ dance battle




Le dimanche 20 février s’est clôt la biennale de kapa haka à Gisborne sur la côte Est de l’île du Nord en Nouvelle-Zélande. Avec quelque 25 000 spectateurs, 1 700 participants, l’ampleur de l’événement confirme la vigueur de la culture autochtone, renaissante depuis les années 70.

En livrant une haka avant chacun de leurs matches, les All Blacks, l’équipe nationale de rugby, ont popularisé le genre dans le monde. La discipline, qui mêle chants et danses, est l’étendard de la fierté et de l’identité maories.

Depuis quarante ans, lors du festival Te Matatini (« visages » en maori), des troupes venues de tous les coins du pays s’affrontent pour conquérir le titre de champion de kapa haka. Elles étaient 42 cette année, représentant 13 régions et au moins autant de tribus.

La jeune génération se montre friande de ce spectacle : les moins de 25 ans composaient la majorité du public de Gisborne. « On grandit avec. J’adore ça, témoigne une jeune fille de 18 ans qui se rend pour la première fois à Te Matatini. La kapa haka permet au Maori de retrouver le sauvage en lui ! »

You may be familiar with the haka, the iconic war dance performed by the kiwi All Blacks rugby team before each game. This spectacular ritual involving stomping feet, rolling eyes, wriggling tongues, cavernous grunts, and slapping hands, is a Maori tribe greeting tradition.

Mid-February, a crowd of 25,000 converged to the North Island’s East Coast city of Gisborne for a festival of Maori performing arts, known as kapa haka (“dancing in rows”). Te Matatini biennial (“many faces”) boasts to be the largest Maori culture event. New Zealand’s indigenous culture is thriving, appealing to people young and old alike.

The haka’s sensational display of male fierceness is just one ingredient of a kapa haka show which combines poetry, lament, action song, and “poi” swinging (a “poi” being a soft ball attached to a string), performed by not only men, but also women. A hint of thrill is added to the mix during Te Matatini as the 42 selected teams compete over four days for the national champion title.

Friday, February 11, 2011

Kapa Haka




Pas besoin d’être fada de rugby pour avoir entendu parler de la suprématie de l’équipe des All Blacks et d’avoir eu vent de la haka, la danse guerrière que les hommes en noir exécutent avant chaque match, histoire de défier et d’impressionner l’adversaire.

Je n’ai jamais apprécié les défilés militaires mais j’avoue que la haka me donne la chair de poule. Il y a une énergie brute qui se dégage de ces hommes massifs en rang, solidement campés sur leurs jambes fléchies, les pieds frappant le sol, les mains martelant le torse et les biceps, les yeux révulsés, la langue tirée, qui vocifèrent plus qu’ils ne déclament. C’est poignant.

J’ai récemment appris que la haka n’est en fait qu’un fragment d’un spectacle plus vaste, la kapa haka. Dans cette coutume māori, hommes et femmes unissent leurs voix et chantent les hauts faits de leur iwi ou les tragédies passées, appuyant les paroles par leurs gestes et leurs traits. La haka est le numéro où les hommes se saisissent du devant de la scène le reste du temps occupé par les femmes de la troupe. La discipline réservée aux femmes est le maniement du poi, une balle souple de la taille d’un poing balancée à l’extrémité d’un cordon et qu’elles font tournoyer en rythme.

Cette semaine se déroule la biennale de kapa haka, une compétition nationale, événement capital de la discipline. Je vais m’y rendre, et en guise d’aperçu, voici deux photos de jeunes danseurs…

No need to be a rugby buff to have heard about the All Blacks’ supremacy and their ritual of the haka, the war dance they perform before each match. It’s both a challenge and a way to bedazzle their adversary.

Even though I’m not one to be moved by military marches, to put it mildly, I have to admit that haka raptures me. Solidly anchored to the ground by their arched legs, these massive men exude a wave of raw energy: they stomp the ground bare feet, pound their chests and arms with clenched fist, widen their eyes and pull their tong out in a terrorizing mask. It’s a poignant scene.

I recently found out that haka is only one fragment of a bigger ensemble, kapa haka, where men and women sing and act on stage, retelling their iwi’s glorious or tragic past and passing it on. Haka is the part where male dancers take the front of the stage where women stand for the rest of the show. Women’s special discipline is the handling of the poi, a soft ball the size of a fist, hanging from a string, that is whirled in rhythm.

Next week is the kapa haka biennale, a national competition that I’m attending. As a sort of preview, here are a couple of shots of young kappa haka dancers…


Sunday, February 6, 2011

Waitangi Day

On February 6, New Zealand commemorates the signature of the Treaty of Waitangi, the nation’s founding document. It may surprise you to know that nowadays even Māori people celebrate this event! But it speaks to the fact that the initial relationship between Māori tribes and the British Crown was rooted in fairness.

In 1840, over 500 Māori chiefs and representatives of the British Crown entered a partnership, thereby establishing a British colony. Pākehā (European) immigrants had already started coming to these shores, but in an anarchic manner, and both Māori and the English wanted to control these movements.

It’s important to stress that Māori iwi (tribes) did not relinquish their power with this contract. In fact they retained their authority, ownership of their land, and access to their resources, while recognizing the British Crown’s sovereignty and accepting the permanence of Pākehā settlements. There was no question of establishing reserves, and māori people were granted the same rights as any other subject.

When I learned about the particulars of the Treaty, I was astounded by the British Crown’s forbearance. Mindful of colonisation’s dire consequences, I would never have thought that the expanding Empire was at some point willing to protect Māori interests. It may have been due to the fact that Pākehā at that time were largely outnumbered by indigenous people (roughly 100,000 Māori for 2,000 Europeans). But this benevolence also emanates from the contemporary humanitarian ideals which recognized Indigenous people as distinct nations with customary rights rather than categorizing them as “savages” or “barbarians”. Enlightened by previous African and American ghastly experiences, wary humanitarian groups were aware that European contact could lead to an Indigenous society’s annihilation. They wanted to prevent that.

Well, that was the intention anyhow. How things unfolded on the ground was more akin to the usual colonisation story of oppression and exploitation. The Waitangi Treaty promises were ignored and forgotten. Yet, in recent times, calls for honoring the Treaty have been heard and supported. In 1975 the Waitangi Tribunal was set up to investigate Māori grievances.

Le 6 février, c’est jour de fête nationale en Nouvelle-Zélande. Pas de grands flonflons mais ici et là, le temps d’une cérémonie ou d’une kermesse, on commémore la signature du Traité de Waitangi, acte fondateur de la nation. Cela peut surprendre mais même les Māori célèbrent Waitangi Day ! La raison en est que les termes du traité sont équitables à leur égard.

En 1840, 500 chefs māori et des représentants de la Couronne britannique signèrent le fameux traité afin de mettre un peu d’ordre dans le débarquement et l’installation de colons sur les îles.

Les iwi (tribus) māori ne renoncèrent pas à leurs droits, au contraire. Elles conservèrent leur autorité, leurs territoires, et la jouissance des ressources dont elles dépendaient, tout en reconnaissant la souveraineté britannique et la permanence de l’installation des Pākehā (Européens).

Contrairement aux colonies antérieures, les Britanniques n’ont pas recouru au système délétère des réserves, et les ressortissants māori jouissent dès le début des mêmes droits que leurs concitoyens. Cet élan de justice envers un peuple indigène a de coin en boucher un coin quand on est au fait du scénario qui s’est déroulé ailleurs, en Afrique ou en Amérique.

Comment expliquer cette bienveillance ? D’une part, les Pākehā sont très largement minoritaires à l’époque (ils ne seraient que 2 000, face à une population de quelque 100 000 māori). D’autre part, il semble qu’en Europe une philosophie humaniste ait gagné les esprits et ait incité à considérer les autochtones comme des pairs et non comme des sauvages ou des barbares. Ces groupes influents au Parlement tenaient à ne pas répéter les exactions qui ont conduit à l’anéantissement de certaines nations amérindiennes ou tribus australiennes.

En tout cas, tel est l’esprit qui préside à l’élaboration du traité. Par la suite, les termes en ont été plutôt malmenés. Le Traité est bafoué, puis ignoré. Après des années de lutte, le Traité revient au devant de la scène. Enfin, en 1975, le tribunal de Waitangi est instauré afin d’enquêter sur les violations de ces termes.

Sunday, January 30, 2011

“This land is your land, this land is my land”*

Since I’ve arrived in New Zealand, there is one hot-button issue that keeps resurfacing in the news: the row over the 2004 Foreshore and Seabed Act and whether it should be repealed and replaced by the Marine and Coastal Area Bill.

The fundamental questions being raised here are WHO OWNS THE LAND?, WHO CAN CLAIM TO OWN THE LAND?, and WHO CAN USE THIS LAND?—the land in this particular case being the wet sand strip that stretches from the high tide water mark all the way out to the edge of New Zealand’s territorial sea (12 nautical miles offshore).

Tariana Turia and Pita Sharples, two Māori party MPs, approve the new bill. The 2004 Act was in fact the reason why Mrs Turia, feeling betrayed, quit Labour and set up the Māori Party. Māori people do agree the 2004 Foreshore and Seabed Act needs to be scrapped as it denies their customary rights to the foreshore and seabed, but they seem divided over the new bill. Hone Harawira, another Māori Party MP, thinks the its improvements are unsatisfying, and he’d rather continue to fight for his vision than give in.

This is a tricky matter because it revisits colonial history. New Zealand, like Canada and Australia, is still trying to sort out the mess inherited from the colonial era. Initially, and quite astonishingly, Māori people were recognized as exclusive owners of the land, so that every inch of the new country that was to be occupied by newcomers would have to be purchased. Their notion of communal ownership was also respected and only the Crown could buy their land before reselling it to a third party. But settlers grew impatient with the process. In 1865 the Native Land Court was established. Individual property was imposed on the Māori. Numerous other changes eased the transactions for the settlers. As a result, the Māori people lost vast tracks of territory in dubious deals.

I find today’s reparation efforts captivating because they are ambivalent. On one hand, the nation reflects on its past and tries to redress the injustices that were committed under the colonial rule.

On the other hand, some anomalies still skew the outcome, I think. Look who’s calling the shots? The government, heir to the former colonial power. It’s like having the son of a culprit judge his parent’s offence. Isn’t the conflict of interest evident? Plus, the legal framework derives entirely from England’s: as far as I know, it has not incorporated Māori tikanga (customs and values). So we’re sticking to the biased system and worldview that justified the misdeeds in the first place.

It’s quite hard to figure out what’s at stake by just reading the papers. This controversy has been ongoing for at least seven years. So the Te Papa Museum hosted a presentation by two lawyers on January 27 to clarify what the current law provides, what the proposed law would do, and what a particular agreement, signed between the Crown and the Ngati Porou tribe, looks like. Here’s the discussion’s podcast.

*Mulling over this topic, I’ve been humming this American folk song. Not that relevant to this post, I have to admit, but nice tune!

* Je ne crois pas qu’il existe de version française de cette chanson de Guthrie, un hymne aux grands espaces américains mais aussi pied de nez au principe de propriété privée. Pour une interprétation moderne, voir http://www.youtube.com/watch?v=g5KnYADCSms

Depuis mon arrivée en Nouvelle-Zélande, les journaux font régulièrement allusion à la polémique à propos du littoral qui agite l’opinion publique depuis plus de sept ans. Il s’agit de savoir si les tribus māori peuvent être détentrices des rivages (une zone qui s’étend de la ligne des eaux à marée haute jusqu’à 12 miles au large). Une proposition de loi pour encadrer ces revendications est en cours d’examen au parlement. Si elle est promulguée, le dispositif existant, voté en 2004, sera abrogé.

Le passage de la loi de 2004 a divisé le pays. Les tribus Māori y étaient opposées car la législation leur coupait tout recours pour faire valoir leur droit coutumier de propriété du littoral, tandis qu’une partie du grand public, adroitement alarmée par des politiciens démagogues, s’inquiétait de voir leur accès à de nombreuses plages interdit.

C’est suite à ce décret que la députée Tariana Turia, se sentant trahie, a quitté le parti travailliste. La fondation du parti māori se donnait pour but de révoquer cette législation. Aujourd’hui, Mme Turia et son collègue Pita Sharples se prononcent en faveur de la nouvelle mouture, mais Hone Harawira, leur collègue, critique cette position, qu’il assimile à une capitulation. Pour lui, les améliorations qu’apporte le Marine and Coastal Bill sont loin de combler les attentes māori. Il se déclare prêt à batailler plus longuement pour imposer sa vision.

Comme dans les autres pays postcoloniaux, la question de la propriété des terres est cruciale. Elle revisite les injustices commises par les colons… L’effort de redressement des torts est louable mais la bonne volonté n’est pas toujours de mise car l’ethnocentrisme occidental reste prégnant.

Dans ces pourparlers, le gouvernement se retrouve juge et partie. L’Etat arbitre selon son système judiciaire hérité de la puissance coloniale responsable des confiscations de terres. Le conflit d’intérêt qui me semble évident n’est pas très souvent relevé.

Le 27 janvier, le Te Papa Museum a organisé une discussion sur les enjeux de la nouvelle proposition de loi… Pour en écouter, le podcast, c’est ici.